Ecole de Paulilles - Alfred Nobel bienfaiteur - 1891

 

Dans les années 1880, la dynamiterie de Paulilles se dote d’une école et d’une association patronale dénommée la Bienfaitrice. Cette œuvre à vocation périscolaire a pour but la promotion de la lecture et la création d’une bibliothèque pour les élèves et les ouvriers de la dynamiterie.

L’école patronale de Paulilles est elle-même administrée par un conseil dont le président honoraire est initialement Paul Barbe, décédé en 1890[1]. A la suite de ce décès, une nouvelle élection est organisée par le directeur de l’usine, Amédée Hoffer, proche d’Alfred Nobel, de retour temporaire à Paulilles après avoir dirigé plusieurs dynamiteries en Europe. Alfred Nobel est dès lors personnellement porté à la présidence de l’école, en sa qualité de « plus ancien des fondateurs de Paulilles ».

Amédée Hoffer intervient alors comme directeur de la dynamiterie et directeur de la société la Bienfaitrice, pour faire accepter cette présidence à Nobel, surchargé de responsabilités diverses et souvent réticent à accepter de nouvelles nominations. A la faveur de cette intervention, Nobel octroie une généreuse subvention à l’école, dont la correspondance suédoise porte la trace. Cette aide financière est l’un des exemples de la politique paternaliste pratiquée au sein de l’usine.

 E. PRACA

 

DOCUMENT

Lettre à en-tête de la Société Générale

pour la Fabrication de la Dynamite

Usine de Paulilles - 1891

 

Paulilles, le 17 janvier 1891

 

Cher Monsieur Nobel

A Paris

Vous n’êtes pas sans ignorer qu’il existe à Paulilles une école pour les enfants de l’usine, qui est administrée par un conseil dont Mr Barbe était le Président honoraire.

La mort de Mr Barbe nous ayant privé de notre Président, il a dû être procédé à une nouvelle élection, et l’unanimité s’est portée sur vous, comme le plus ancien des fondateurs de Paulilles ; je viens donc, en ma qualité de Directeur de la Société Bienfaitrice de Paulilles, vous demander si vous voudriez bien accepter l’hommage dévoué des serviteurs qui restent encore ici, et aussi vous rassurer au sujet des charges et obligations de la situation, qui ne comporte aucune redevance ni responsabilité.  

- Nous avons un maître d’école qui reçoit ses instructions de l’Université et qui nous rend compte de toutes ses opérations, on a deux ou trois réunions périodiques par an, pour examiner les comptes et les propositions qui se présentent.

- Il y a aussi une bibliothèque pour les enfants et les ouvriers.

 Vous voyez, Cher Monsieur Nobel, que cette charge ne vous causera pas trop de souci, les administrateurs et les anciens de l’usine ont été heureux de vous adresser cet hommage de leur souvenir et ont pensé que vous pourriez aussi dire :

« Laissez venir à moi les petits enfants » et que vous ne refuseriez pas ce patriarchal honneur.  

Recevez, Cher Monsieur Nobel, l’assurance des meilleurs sentiments de votre bien dévoué

Am. Hoffer

DOCUMENT

Lettre à en-tête de la Société Générale

pour la Fabrication de la Dynamite

Usine de Paulilles - 1891

 

Paulilles, le 27 janvier 1891

 

Cher Monsieur Nobel

J’ai seulement compris à la réception de votre lettre toute mon indiscrétion bien involontaire à votre égard.

Je connaissais déjà votre excellent cœur, mais combien votre générosité dépasse encore tout ce que je pouvais imaginer.

Vous allez rester légendaire dans les annales de notre école, où l’on regrettera toujours ce Président qui a marqué le fauteuil qu’on lui offrait d’une pareille libéralité.

Je n’ose pas insister, Cher Mr Nobel, je crains trop de vous importuner, et j’ai encore à vous prier de m’excuser de l’indiscrétion dont votre modestie aura a souffrir, puisque je vais être obligé de porter votre envoi aux comptes de la société : c’est bien mal de traiter ainsi une aussi délicate attention, mais je ne peux me soustraire à cette dénonciation.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop pour cela, que vous accepterez les remerciements sincères de tous nos écoliers de Paulilles et que vous voudrez bien toujours croire aux meilleurs sentiments de votre bien dévoué

Am. Hoffer

 
SOURCES
 
Correspondance Nobel - Archives Nationales de Suède - Stockholm.
 
POUR EN SAVOIR PLUS
 
Article : Ecole de Paulilles - Fondation et premières photographies - 1881-1887 - Site Amis de Paulilles - Rubrique Risques/Protection sociale.


[1] Associé de Nobel à compter de 1870.