Presse et prévention des accidents : enquête à Paulilles - 1959

 

En 1959, la Caisse Régionale de Sécurité Sociale de Montpellier (n°34 R), poursuivait depuis trois ans une campagne de presse pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Celle-ci comprenait notamment la parution hebdomadaire d’un encart publicitaire illustré de cent lignes, portant en sus des conseils, la mention « La Sécurité Sociale au Service de la Prévention des Accidents ».

Ces encarts publicitaires étaient insérés toutes les semaines dans les quotidiens suivants : Midi-Libre (Aude, Hérault, Gard, Aveyron, Pyrénées-Orientales), La Marseillaise (Gard, Hérault), La Dépêche (Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Aveyron), L’Indépendant (Aude, Pyrénées-Orientales).

Le 19 novembre 1959, la CRAM interrogeait les entreprises pour savoir si le procédé leur paraissait efficace, s’il avait été remarqué par les membres du Comité d’Hygiène et de Sécurité et par le personnel, et quels étaient leurs sentiments à ce sujet. Quelques jours plus tard, le 26 novembre 1959, était expédiée la réponse de la dynamiterie de Paulilles, formulée sous couvert de la direction de l’usine : une appréciation négative, « faite dans l’intérêt général de la Sécurité » dont néanmoins, la direction reconnaissait l’excellence des conseils.

Une campagne de presse bien mal perçue en son temps, dont est reproduite ici la réponse directoriale. Pour une analyse plus complète, il conviendrait toutefois de confronter cette version à celle directement exprimée par les salariés, pour autant qu’une trace écrite subsiste, par exemple dans la presse syndicale de l’époque. Quel fut en définitive l’impact réel de la politique de prévention sur la vie de la dynamiterie ?

E. PRACA

 

DOCUMENT

26 novembre 1959

Lettre  adressée à la Caisse Régionale de Sécurité Sociale

de Montpellier

 

« Messieurs,

J’ai fait une enquête tant parmi les membres du Comité d’Hygiène que parmi le personnel de l'Usine et je dois avouer que vos encarts publicitaires ne semblent pas avoir été remarqués. J'avoue, en ce qui me concerne, avoir dû rechercher ladite publicité, à la suite de votre lettre, dans les journaux en ma possession.

En toute sincérité, ces encarts qui ressemblent trop aux autres réclames n'attirent pas beaucoup l'attention faute, peut-être, de ne pas se trouver placés en un endroit approprié. D'autre part, et ce n'est pas seulement un avis personnel, le texte paraît beaucoup trop long et n'est certainement pas lu en entier par les intéressés. (Je fais allusion à celui paru dans « L'Indépendant » du Mardi 17 Novembre 1959). En effet les onze conseils sont, par eux-mêmes excellents mais il semble qu’un texte plus court, présenté sous forme de « slogan » (à trouver dans chaque cas) et régulièrement inséré en première page, retien­drait davantage le regard et l'attention.

En m'excusant de ces observations faites uniquement dans l'intérêt général de la Sécurité et avec mes regrets de ne pouvoir donner une appréciation plus satisfaisante à l'effort fait par celle-ci, je vous prie d'agréer, Messieurs, l'assurance de mes sentiments distingués ».

 

SOURCES

Archives privées, Lettre réponse de la dynamiterie de Paulilles adressée à la Caisse Régionale de Sécurité Sociale, 29 ter, Cours Gambetta à Montpellier, 26 novembre 1959, Réf. lettre : 42 P.FV 748 FV/T.