Paulilles - Dynamite - Explosion du 24 janvier 1882

 

Survenue dans un atelier d’encartouchage manuel de la dynamiterie de Paulilles, l’explosion du 24 janvier 1882 est la plus meurtrière de l’histoire de la fabrique. On compte 19 morts dont 2 hommes et 17 femmes. Les ouvrières décédées, dont l’âge varie de 15 à 23 ans, sont toutes célibataires à l’exception de deux épouses de 20 et 31 ans et d’une veuve de 39 ans. Déclarées comme « journalières », elles sont issues des villages environnants et témoignent du recrutement de main d’œuvre féminine, affectée aux cartoucheries de l'usine.

Au service d’état-civil de Port-Vendres, les témoins aux actes de décès (n°14-32) sont Joseph Barrau, commissaire spécial de police et Joseph Vidal, garde-champêtre, domiciliés à Port-Vendres. Un document de 22 pages intitulé « L’explosion du 24 janvier 1882 à la fabrique de dynamite de Paulilles » contribue à l’histoire de la médecine légale, en intégrant le fonds d’Alexandre Lacassagne (1843-1924), professeur de médecine légale à Lyon, père de l’école lyonnaise d’anthropologie criminelle et fondateur du muséum d’histoire de la médecine.

E. PRACA

 

LISTE DES VICTIMES

Explosion de 1882

 

Hommes

Lucet Henri : journalier, 50 ans, né à Perpignan, domicilié à Port-vendres, époux d’Antoinette Comes, sans autre renseignement.

Parès Louis : capitaine au long cours, 43 ans, né à St Laurent de la Salanque, domicilié à Port-Vendres, fils de feus Augustin Parès et Angélique Cristau, époux de Marie Arola.

Femmes

Ayats Brigitte : journalière, 17 ans, célibataire, née à Prats de Mollo, domiciliée à Banyuls-sur-Mer avec son père, sans autres renseignements.

Carrère Dolorès : journalière, 18 ans, célibataire, née à Basques (Espagne), domiciliée à Port-Vendres avec sa mère, fille de feu Raymond Carrère et de Rose Torrent.

Chalade Françoise : journalière, 20 ans, célibataire, née et domiciliée à Banyuls-sur-Mer, fille de François Chalade et d’Angélique Vilarem.

Chantebien Pauline : journalière, 15 ans, célibataire, née et domiciliée à Collioure, fille de Baptiste Chantebien et de Marthe Ferrer.

Coste Marie : journalière, 20 ans, née et domiciliée à Banyuls-sur-Mer, fille de Pierre Coste et de Marie Paix, épouse de Velman Laplace.

Costesèque Catherine : journalière, 23 ans, célibataire, née et domiciliée à Baillestavy, fille de Julien Costesèque et de Magdelaine Carrère.

Guardier Albire : journalière, 17 ans, célibataire, née à la Seu d’Urgell (Espagne), domiciliée à Port-Vendres, fille de Paul Guardier, maçon et de Marie Pujol, domiciliés à Port-Bou (Espagne).

Lavail Marguerite : journalière, 17 ans, célibataire, née et domiciliée à Joch, fille de feu Lavail Dominique et de Eugénie Claude.

Llori Thérèse : journalière, 18 ans, célibataire, née à Arles sur Tech, domiciliée à Collioure, fille de Llori et de Thérèse Llense.

Macaye Marie : journalière, 39 ans, née et domiciliée à Collioure, fille de feu Joseph Macaye et de Rose Vilarem, veuve Calmon.

Mach Marianne : journalière, 15 ans, célibataire, née et domiciliée à Port-Vendres, fille de Jacques Mach, forgeron et de feue Magdelaine Marcerou.

Malé Françoise : journalière, 23 ans, célibataire, née et domiciliée à Baillestavy, fille de François Malé et de Rose Costesèque.

Noëll Thérèse : journalière, 17 ans, célibataire, née et domiciliée à Collioure, fille de Jean Noëll et de Lucie Pla.

Planes Thérèse : journalière, 17 ans, célibataire, née et domiciliée à Banyuls-sur-Mer, fille de feu Michel Planes et de Thérèse Chèle.

Ramio Marie : journalière, 31 ans, née et domiciliée à Port-Vendres, fille de Jean Ramio et de Marguerite Bazi, épouse de Jean Llères, journalier.

Ribes Thérèse : journalière, 17 ans, célibataire, née et domiciliée à Banyuls-sur-Mer, fille de Sauveur Ribes et de Thérèse Rocaries, également domiciliés à Banyuls-sur-Mer

Ribes Françoise : journalière, 20 ans, née et domiciliée à Banyuls-sur-Mer, fille de feu Eloi Ribes et d’Elisabeth Bouix, épouse de Joseph Vilarem.

 

DOCUMENTS

La Presse - 27-1-1882

« Pyrénées-Orientales. Perpignan, 25 janvier. Dans l'explosion qui a eu lieu à la fabrique de dynamite de Paulilles, deux hommes et seize femmes ont été tués. On ignore toujours les causes de l'explosion. Neuf cadavres se trouvent encore sous les ruines de la cartoucherie. Le préfet des Pyrénées-Orientales et le commandant de gendarmerie sont arrivés à Paulilles, ainsi que le parquet de Céret, qui commence une instruction ».

 

Le Journal des débats politiques et littéraires - 30-1-1882

■ « Les journaux de Perpignan publient des détails sur l'explosion qui vient d'avoir lieu à la cartoucherie de la fabrique de dynamite de Paulilles. On compte 19 morts et un grand nombre de blessés. Parmi les morts, il y a 16 femmes et 2 contremaîtres. C'est à peine si l'on retrouve des parties entières constituant les cadavres. Des scènes indescriptibles se sont passées lorsque les parents, les amis sont arrivés pour reconnaître les leurs. Mais à part quelques-uns, tous ces cadavres, cuits, déchiquetés jusqu'aux os, n’étaient pas reconnaissables. Les corps, comme les vêtements, ont été réduits en morceaux moins larges que la main.

La baraque où l'explosion s'est produite est voisine de celle qui sauta également en 1877, mais dont les conséquences furent moins terribles. Les débris des victimes, ainsi que le matériel, ont été projetés dans toutes les directions à une grande distance, mais particulièrement du côté de la mer, où le talus est moins élevé. Les baraques avoisinantes, quoique protégées par de forts remparts de terre, ont été en partie démolies. Presque toutes les vitres des bâtiments considérables de l'usine, placés à de grandes distances, ont volé en éclats. La maison Pams, située à 150 mètres, est en partie lézardée.

La secousse a été ressentie à Port-Vendres même, tant a été grande la force de l'explosion. Il n’y avait cependant à ce moment que 15 à 20 kilos de dynamite servant à la confection des cartouches, que l'on enlève au fur et à mesure. Les causes de ce sinistre sont encore inconnues ».

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SOURCES

ADPO, NMD Port-Vendres, 9NUM2E2904, actes décès 26-1-1882.