Dynamite de PAULILLES - Les premiers BATEAUX - 1875-1880

Ephémérides

 


 

Avec la fondation de la Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite (1875), débute la production industrielle de l'explosif, dont le transport s'effectue par voie de terre ou par bateau. A ses débuts, la société rencontre deux sortes de difficultés : tout d'abord, selon une décision qui leur appartient, les préfets sont habilités soit à interdire soit à autoriser le passage de la dynamite sur le territoire de leur département. En cas d'autorisation préfectorale, le transport de la dynamite, par charroi et par voie de terre, s'effectue obligatoirement sous escorte.

En second lieu, le transport de la dynamite est également interdit par chemin de fer : la voie maritime et fluviale constitue donc le second et seul mode de circulation possible, permettant la livraison de la production. Pour l'écoulement de ses produits, la société acquiert dès lors le vapeur le Rifle appartenant pour partie à Paul Barbe, associé d'Alfred Nobel dans la fabrication de la dynamite. A cette acquisition s'ajoute la construction en 1876 d'un premier embarcadère, édifié sur la rive même de la dynamiterie de Paulilles. Depuis le site, le transport s'effectue ensuite par cabotage le long des côtes méditerranéennes, le Rifle remontant le cours du Rhône afin de desservir les régions adjacentes, industrialisées et minières.

Mentionnant les interdictions, les négociations, le nom des premiers bateaux chargés de ce transport, les archives de la société brossent dès lors un tableau évocateur des débuts de la circulation de la dynamite à grande échelle, indissociable des difficultés inhérentes à cette première mise en oeuvre. Les navires : le Rifle, le Diligent, l'Amazone, la Mathilde, sont également cités, mais il reste encore à établir leur fiche d'identité.

 E. PRACA

 

 

DOCUMENTS

EXTRAITS DES REGISTRES DE LA SOCIETE GENERALE

POUR LA FABRICATION DE LA DYNAMITE - 1875-1880

 

2ère assemblée générale constitutive du 8 juillet 1875

« Autorisation donnée de continuer à utiliser le bateau à vapeur appartenant à M.M. Barbe fils et Mialane, ancré à Port-Vendres et assurant le remorquage et le transport de la dynamite et différentes autres matières de la Société ».

 

Conseil du 4 mars 1876

« Le décret du Président de la République en date du 24 février 1876 autorise l’établissement de la fabrique de Paulilles. (…)

M. Roux est autorisé à proposer aux compagnies de les garantir contre les accidents que concernerait le vice propre de la dynamite transportée (…).

En attendant, des mesures ont été prises pour assurer le transport des produits par charroi, par bateaux et navires ».

 

Conseil du 1er mai 1876

« La fabrique de Paulilles est en fabrication (…). La plus grande difficulté vient de l’organisation du transport : cabotage jusqu’à Cette, Arles, Beaucaire et Marseille, charroi jusqu’à Lyon et Bordeaux ».

 

Conseil du 16 juin 1876

« M. Roux communique le projet d’embarcadère à construire à Paulilles pour le chargement direct des navires. Le devis s’élève à 2000 F. ».

 

Conseil du 17 juillet 1876

« La fabrique de Paulilles est en bon ordre, actuellement elle chôme à cause de l’insuffisance des transports de dynamite. Peu d’expéditions depuis un mois, les magasins sont pleins de produits fabriqués. M. le Directeur général est prié d’activer les transports par charroi et par cabotage ».

« M. Barbe et Mialane proposent au conseil de céder à la société le vapeur Le Rifle, qui vient d’être réparé à neuf. Accepté ».

 

Conseil du 29 juillet 1876

« Mêmes difficultés dans les transports, les escortes et l’entreposage.

Le Rifle, arrivant de Cette avec un chargement de dynamite on n’a pu obtenir d’escorte nécessaire au transport par terre : grande perte de temps. Le conseil invite le Directeur général à travailler activement à résoudre aussi les difficultés qui se rapportent aux transports par mer, par route et par canaux ».

 

Conseil du 26 août 1876

« M. P. Barbe communique au conseil des renseignements sur une caisse de dynamite n°1 venant d’Ecosse et pêchée en mer près de Calais. Elle était bien conservée ».

 

Conseil du 9 septembre 1876

« Un convoi de 10 000 Kg est resté quelques jours en souffrance à Arles, ne trouvant pas de remorqueur pour remonter le Rhône. Il a fallu utiliser un remorqueur à vapeur ».

 

Assemblée générale ordinaire du 27 octobre 1876 

« L’Assemblée générale ordinaire approuve les opérations faites avec différents administrateurs et notamment l’emploi du bateau Le Rifle (…) ».

« La Société assure le transport de ses produits par cabotage, navigation sur les canaux et rivières et le charroi sur routes de terre. Elle est en mesure de livrer tous les points de la France en quantités de 1000 Kg au moins ».

 

Conseil du 15 novembre 1876

« M. Roux croit inutile l’achat du bateau à vapeur, Le Rifle, à MM. Barbe et Mialane ».

 

Conseil du 6 décembre 1876

« MM. Barbe et Mialane offrent à nouveau leur bateau, Le Rifle, à la société, en s’en remettant à la société pour la fixation du prix ».

 

Conseil du 26 janvier 1877

« M. Mialane propose de louer 1200 F. par mois le Rifle. Accepté jusqu’à ce que la proposition ait été étudiée de plus près ».

 

Conseil du 12 mars 1877

« Affaire du Rifle. Le conseil décide de prendre en location le bateau à vapeur Le Rifle, dans le but de faciliter le transport des marchandises et des produits de la fabrique de Paulilles. Location pour trois mois, à compter du 1er avril 1877, 1000 F. par mois, payable à la fin de chaque mois. Il sera établi un état des lieux contradictoire. Il sera rendu à l’un de ses propriétaires (Mialane, Barbe, Berlan), le 1er juillet 1877, dans le même état, sauf usure provenant du service et sauf continuation de la location par entente mutuelle en se prévenant un mois d’avance. Une assurance du bateau contre les risques de mer devra être contractée ».

 

Assemblée générale ordinaire du 27 octobre 1877

« Approbation des diverses opérations faites avec les administrateurs (location du Rifle, achats avec la maison de commerce de M. Barbe fils, autorisation donnée à ce dernier de cautionner divers administrateurs) ».

« On rencontre toujours des obstacles au développement de la [vente] car problèmes liés au transport. Les transports se font soit par charrois sur routes de terre et par cabotage avec Le Rifle ».

 

Conseil du 1er avril 1878

«  La question du transport est loin d’être résolue : les prétentions des autorités locales pourraient même rendre illusoires les autorisations qu’on obtiendrait de l’autorité centrale. Ainsi, le Préfet des Pyrénées-Orientales a pris un arrêté interdisant le transit de la dynamite. A Bordeaux, le capitaine de port a refusé de désigner un point de chargement et a même fait dresser un procès-verbal de contravention pour avoir embarqué de la dynamite sous cette désignation. M. Roux a été à Bordeaux défendre la société ».

 

Assemblée générale ordinaire du 23 octobre 1878

« Approbation de l’achat du bateau Le Rifle.

« Autorisation administrative, en décembre 1877, pour l’établissement d’un embarcadère sur la grève de Paulilles

« Achat du Rifle pour 20 000 Francs, paiement moitié comptant, moitié à un an.

« Le Rifle a été acheté pour 20 000 francs, car tant que les transports par chemins de fer ne seront pas autorisés, c’est par lui que la presque totalité des transports des dynamites sorties de l’usine se font ».

 

Conseil du 28 décembre 1878

« M. Roux est autorisé à vendre le bateau à vapeur le Rifle, en prévision de l’emploi prochain des chemins de fer ».

 

Conseil du 29 janvier 1879

« Le Rifle n’a pas encore été vendu ».

 

Conseil du 21 avril 1879

« Il était prévu d’envoyer le Rifle à Bordeaux pour le vendre. Cela n’a pu se faire : le canal du Midi n’étant pas assez profond. Il devra rester à Port-Vendres »

 

Conseil du 28 août 1879

« L’attention du conseil est attirée sur le dépérissement du vapeur le Rifle et sur la convenance qu’il y aurait à le vendre, même au prix d’un sacrifice ».

 

Assemblée générale ordinaire du 27 octobre 1879

«  Le capitaine du port de Bordeaux a refusé de désigner comme prévu par le règlement un point d’embarquement pour la dynamite et a fait dresser un procès-verbal à notre entreposeur, M. Lacoste, qui a embarqué de la dynamite sans cette désignation. Appel a été interjeté auprès de la cour de Bordeaux, la Société a été déboutée.

« Les investissements immobiliers au cours de cet exercice ont porté (…) sur l’installation d’un embarcadère dans l’anse de Paulilles ».

 

Conseil du 23 juillet 1880

« Les transports d’acide ont donné lieu pendant le cours de l’exercice à de nombreux incidents, quatre litiges sont encore pendants. Le plus sérieux est celui provenant des avaries de l’Amazone qui est depuis plusieurs mois devant le tribunal de commerce de Marseille ».

 

Assemblée générale ordinaire du 25 octobre 1880

« Les transports d’acide ont donné lieu à de nombreux litiges : deux pour avaries de wagon (…) ; trois autres pour avaries de navires : La Mathilde, l’Amazone, le Diligent. Les deux derniers litiges avec les bateaux sont réglés sans conséquences importantes, celui de la Mathilde est devant le Tribunal de Commerce de Marseille »[1].



 

POUR EN SAVOIR PLUS

Cliquez sur : Dynamiterie de Paulilles - Transports maritimes

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[1] Fin des extraits.