L’explosion du 20 juillet 1934 à la dynamiterie de Paulilles

 

Le 20 juillet 1934 dans la nuit, une explosion mortelle survient à la dynamiterie de Paulilles (Pyrénées-Orientales). La presse nationale se fait l’écho de l’accident, qui entraîne la mort de deux personnes et fait plusieurs blessés. Les articles établissent la liste des victimes, en citant leurs fonctions exercées au sein de l’entreprise. L’une des victimes de 1934 est un rescapé de l’ancienne catastrophe survenue en 1913 à la même dynamiterie.

Cette explosion détruit l’atelier de « nitration discontinue » selon un recensement récent des accidents pyrotechniques intervenus sur le site[1]. En raison de la violence de la déflagration, et selon la relation contemporaine des faits, les abris souterrains destinés au personnel apparaissent alors de peu de secours. La catastrophe est ensuite mentionnée dans la liste des explosions mortelles établie par le journal communiste "Le Travailleur Catalan" de Perpignan, en janvier 1950. 

E. PRACA

 

DOCUMENTS

Journal des débats politiques et littéraires - 21 juillet 1934

 

Une explosion près de Perpignan fait deux morts

« Perpignan 20 juillet. Une explosion s'est produite, vers 2h. 30 ce matin, dans les ateliers de fabrication de nitroglycérine, à l'usine de dynamite de Paulilles, appartenant à la société Nobel.

Quatre ouvriers se trouvaient dans le local : MM. Luc, chef de chantier, âgé de 55 ans, de Paulilles qui a été broyé ; Fortuny, âgé de 35 ans, de Banyuls-sur-mer, qui a été déchiqueté ; Vidal et Muncho, de Port-Vendres, qui ont été grièvement blessés, ainsi que M. Michel, agent des poudres, qui a été blessé à la tête en se portant au secours de ses camarades.

Les dégâts sont importants.

Les survivants ont pu faire le récit de l'accident. M. Luc s'aperçut que le mélange d'acide nitrique et de glycérine ne se faisait pas dans des conditions normales et donna l'alarme. MM Vidal et Muncho purent atteindre la porte et sortir sur la falaise où est construit l'atelier. MM. Luc et Fortuny s'engouffrèrent dans les abris souterrains mais trop tard. On a pu reconstituer leurs corps avec des débris retrouvés. M. Luc était un survivant de la catastrophe de 1913, qui, dans la même usine, fit huit morts.

Le Parquet de Céret et la gendarmerie sont sur les lieux. Les pompiers de Port-Vendres ont éteint l'incendie qui s'était déclaré. Toutes les maisons voisines ont leur toit démoli, leurs vitres brisées. L'explosion a été entendue de Perpignan, à plus de 35 km de Paulilles, et l'on croyait à un tremblement de terre. La catastrophe a attiré sur les lieux les populations de Cosprons, Port-Vendres et Banyuls-sur-Mer, car la majorité du personnel de l'usine appartient ces localités ».

 

L’Humanité  - 21-7-1934

 

■ Violente explosion à l’usine de dynamite de Paulilles près de Port-Vendres. Deux ouvriers tués. Trois blessés graves.

« Perpignan, 20 juillet. Une explosion s'est produite à 2 h. 30, hier matin, dans les ateliers de fabrication de nitroglycérine, à l'usine de dynamite de Paulilles, appartenant à la Société Nobel. Quatre ouvriers se trouvaient dans le local Luc, chef de chantier, âgé de 55 ans, de Paulilles, qui a été broyé, Fortuny, âgé de 35 ans, de Banyuls-sur-Mer, qui a été déchiqueté Vidal et Muncho, de Port-Vendres, qui ont été grièvement blessés, ainsi que Michel, agent des poudres, qui a été blessé à la tête par la chute des matériaux en se portant au secours de ses camarades.

Les rescapés ont pu faire le récit de l'accident. Luc s'aperçut que le mélange d'acide nitrique et de glycérine ne se faisait pas dans des conditions normales et donna l'alarme. Vidal et Muncho purent atteindre la porte et sortir sur la falaise où est construit l'atelier. Luc et Fortuny s'engouffrèrent dans les abris souterrains mais trop tard. On a pu reconstituer leurs corps avec des débris retrouvés. Luc était un rescapé de la catastrophe de 1913 qui, dans la même usine, fit huit morts. L'explosion a été entendue de Perpignan, à plus de 35 kilomètres de Paulilles, et l'on croyait à un tremblement de terre. La catastrophe a attiré sur les lieux les populations de Cosprons, Port-Vendres et Banyuls-sur-Mer, car la majorité du personnel de l'usine appartient à ces localités ».

 

Le Matin - 21-7-1934

 

Une explosion se produit la nuit dans une fabrique de dynamite près de Perpignan. Deux tués, trois blessés. [De notre correspondant particulier]


« Perpignan, 20 juillet. Par télégramme. Cette nuit, à 2 h. 30, une terrible explosion s'est produite à l'usine de dynamite de Paulilles, située après Port-Vendres, entre la voie ferrée et la mer un laboratoire de fabrication de nitroglycérine venait de sauter, réduisant en miettes les diverses parties du bâtiment léger et les bâtiments voisins de même nature.


En raison du danger que présente cette fabrication, les laboratoires spéciaux sont très compartimentés et bâtis en bois ou matériaux légers. C'est pendant l'opération du mélange de l'acide nitrique avec la glycérine que se produisit l'explosion. Quatre ouvriers seulement participaient à ce travail de nuit : Luc, 55 ans, chef de chantier, domicilié à Paulilles, et Fortuny, 52 ans domicilié à Banyuls-sur-Mer, furent tous deux déchiquetés. Des lambeaux de leurs corps furent projetés jusque dans la mer.

Les deux autres, MM. Vidal et Muncho, tous deux de Port-Vendres, avaient eu le temps de fuir et ne furent que légèrement blessés. Fait curieux tandis que Luc et Fortuny, qui s'étaient rapidement réfugiés dans les abris souterrains, sorte de tunnels ménages pour favoriser la sortie en cas d'explosion, ont été déchiquetés, leurs camarades, Vidal et Muncho, qui avaient pu gagner l'extérieur, n'ont été que légèrement atteints. Il y a cependant un troisième blessé M. Michel, agent des poudres, qui, au bruit de l'explosion était accouru et qui reçut des débris de bois qui lui firent des entailles à la tête. L'usine de Paulilles est située à 35 kilomètres de Perpignan. L'explosion a été nettement entendue par les employés en service en gare de Perpignan, qui téléphonèrent à la gare de Port-Vendres, où l'on confirma l'explosion. De nombreux Perpignanais ont entendu la détonation et ont ressenti dans leurs lits la trépidation. Les pompiers de Port-Vendres ont éteint les incendies allumés par l'éclatement. Le parquet s'est rendu sur place ».

 

Le Travailleur Catalan - janvier 1950

 

■ 20 juillet 1934 : l'atelier de nitrage saute à nouveau

Quatre hommes, cette nuit-là, (car à Paulilles on travaille aussi la nuit) surveillaient l'infernal mélange d'acide nitrique et de glycérine qui forme un dangeureux explosif.

Soudain, l'ouvrier Luc constata que la formation du mélange ne se faisait pas comme il convenait. Le temps de crier "Sauve qui peut !" et l'explosion se produisit.

Deux ouvriers seulement, Vidal et Muncho avaient réussi à gagner l'abri où ils furent grièvement blessés. Les ouvriers Luc et Fortuny furent retrouvés déchiquetés.

Luc était un rescapé de la catastrophe de 1913, qui fit six victimes.



[1] SNPE Ingénierie S.A., Etude des dangers de l’établissement désaffecté Nobel Explosifs France de Paulilles (Pyrénées-Orientales), p.79-80.