Dangers de la nitroglycérine (1862-1868). Texte documentaire

 

Parmi les nombreux textes consacrés aux dangers de la nitroglycérine, figure un petit texte synthétique daté de 1913, rappelant les explosions les plus notoires, liées à la production industrielle de cet explosif. Précédant la fabrication à grande échelle de la dynamite, se sont en effet ouvertes dans les années 1860 des fabriques de nitroglycérine, produit chimique se présentant sous une forme liquide, et apparaissant toutefois extrêmement instable, en conséquence extrêmement sensible aux manipulations et aux chocs.

On notera par ailleurs dans ce petit texte l'allusion à la négligence du personnel affecté au transport et à la manipulation de cet explosif, leitmotiv souvent employé pour minimiser les risques intrinsèques à toute production de matière explosive et dont la sécurité demeure, quelles que soient les précautions prises, indubitablement relative.

E. PRACA

 

DOCUMENT

Texte paru en 1913

 

« Nous avons déjà dit comment la nitroglycérine fut découverte (…), au commencement de 1847 par le Chimiste italien Ascanio Sobrero, de qui nous avons donné dans le chapitre I quelques notes biographiques.

Il l’obtint en travaillant la glycérine avec un mélange d’acide sulfurique et d’acide nitrique concentrés, mais il ne crut pas d’abord à la possibilité d’une application pratique comme produit explosif à cause des périls que présentait sa fabrication en grandes parties, et de son extraordinaire force explosive et sensibilité aux chocs (…).

Ce fut en 1862 qu’Alfred Nobel, ingénieur et chimiste suédois, de qui nous avons donné une brève biographie, après de nombreuses expériences dans son laboratoire, parvint à se procurer les moyens pour installer une grande fabrique de nitroglycérine à Heleneborg, près de Stockholm, à laquelle en 1865, une autre suivit à Krümmel, près de Hambourg ; ces deux fabriques vendaient et exportaient la nitroglycérine, telle quelle, liquide.

Mais pendant ce temps, survint une terrible explosion (1864) qui détruisit la fabrique suédoise et d’autres encore survinrent ensuite en Angleterre, à Sydney, à S. Francisco et enfin dans la rade de Colon où le navire European, qui transportait de la nitroglycérine, sauta.

La dernière explosion de nitroglycérine, à l’état liquide, eut lieu le 24 juin 1868 aux carrières de Quenest (en Belgique). La dynamite avait déjà été découverte, mais on n’en fabriquait pas assez à ce moment-là pour suffire à toutes les demandes.

L’explosion survint pendant le déchargement de 1800 kilos de nitroglycérine dans le magasin de cette carrière, et une inattention fut la cause du désastre qui fit dix victimes, parmi lesquelles, Mr. Grillet, représentant de Nobel en Belgique et neuf personnes attachées au magasin et au débarquement.

A la suite de ces désastres, l’opinion publique du monde entier se souleva contre l’huile explosive de Nobel et plusieurs gouvernements en défendirent la fabrication ».

 

BIBLIOGRAPHIE

Extrait de MOLINARI E. et QUARTIERI F., Notices sur les explosifs en Italie, Milan, 1913, p. 135-137.

POUR EN SAVOIR PLUS

PRACA Edwige, Nitroglycérine : trois croix et une tête de mort - 1865-1870, Site Amis de Paulilles, Rubrique "Risques".