Dynamite, minerai de fer et grenats en Moravie - 1866

 

Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite,

Mode d’emploi de la dynamite, Paris, 1876 - Col. part.

 

Si Perpignan s’avère en France la capitale du grenat, il est indéniable que les pays d’Europe centrale et notamment la Moravie, connurent dans la seconde moitié du XIXe siècle, une avancée incomparable dans la production de bijoux fabriqués en cette matière. Cette avancée est due à l’usage de la dynamite dans les mines de fer, attesté par la Société Générale pour la fabrication de la Dynamite, propriétaire de la dynamiterie de Paulilles dans les Pyrénées-Orientales (France). Grenats et minerai de fer sont en effet assez souvent associés, dans les formations géologiques.

La Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite vient de se voir confirmer en 1875 seulement, l’autorisation légale de fabrication du nouvel explosif, utilisé dans un premier temps lors de la guerre franco-prussienne de 1870. Elle tend encore à en démontrer les avantages, et édite en conséquence un petit Mode d’emploi de la dynamite (1876), destiné à sa clientèle civile. Elle y produit alors un témoignage de la Société impériale des chemins de fer autrichiens, concernant l’usage de la dynamite fait dix ans plus tôt dans les mines de fer de Moravie (1866).

 

 

Cette avancée morave de la bijouterie en grenats tient donc dans l’antériorité que fit cette région de l’usage de la dynamite, l’échelonnement des autorisations de fabrication par les états provoquant un décalage entre industries extractives au sein des différents pays européens. La dynamite Nobel a ainsi été fabriquée en Europe centrale antérieurement à la France, servant au passage l'essor de la joaillerie de grenat.

Quant à la société de dynamite de Paulilles, ce petit énoncé est aussi l’occasion de valoriser la dynamite n°2, bien qu’elle soit rapidement devenue la moins utilisée des dynamites Nobel, et qu'elle ne figure plus dès 1876 au catalogue de ses ventes françaises.

E. PRACA

 

DOCUMENT

Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite

Texte de 1876

 

"La Société impériale des chemins de fer autrichiens à Vienne rapporte à la date du 4 février 1874, sur les sautages des mines avec la dynamite dans l'extraction du minerai de fer en Moravie :

      « Dans le courant de l'année 1866, dans les mines « le Gross-Theresia » en Moravie, on fit  sauter une mine avec de la poudre de mine ordinaire. Il fut em­ployé 31 quintaux de poudre et avec cette charge on a démoli 825 toises de grenat d'un minerai de fer ma­gnétique.

      « Après l'enlèvement des masses de minerai et de rochers on mit à jour un nouveau bloc qui n'avait pas moins de 8 mètres 50 centimètres de longueur, 6 mè­tres 60 centimètres de largeur et 6 mètres 175 de hau­teur, d'environ 346 mètres cubes. Suivant les essais faits dans l'année 1866, on a cherché à faire sauter de nouveau ce bloc au moyen d'une mine ; seulement on ne devait plus cette fois se servir de poudre de mine mais de la dynamite, nouvelle matière explosive.

      « La charge fut de 8 quintaux 4 de dynamite n° 2, la longueur des mèches de 7s. L'explosion eut lieu 29 minutes après la mise à feu. La combustion se fit donc avec une vitesse de 1 pied 43 par minute.

       « La détonation ne fut pas très-forte, on ne vit que la chute d'immenses blocs et l'élévation, dans les airs, de gaz et de fumée sortant de cette masse. »

"Par l'explosion de cette mine, non-seulement la masse voulue fut complétement détruite, mais encore, 50 mètres cubes de grenat y attenant furent déchirés.

"Cette explosion, très-bien réussie, a été produite avec 840 livres de dynamite n° 2 et a remué 400 mè­tres cubes de grenat très-solide entremêlé de minerai de fer magnétique et un poids de près de 160 000 quin­taux, ce qui fait 1 livre de dynamite n° 2 par 190 quin­taux 4, d'où il résulte que c'est un résultat très-avan­tageux. Les frais se composent de 2875 francs pour l'ouverture des galeries, coût de la dynamite et charge de la mine.

"L'explosion de mine faite dans l'année 1866 avec la poudre de mine pour laquelle il a été employé 31 quin­taux de poudre qui ont démoli 425 mètres cubes de minerai et de grenat, soit près de 170 000 quintaux, a établi que sur une livre de poudre il a été démoli une masse de minerai et de grenat de 54 quin­taux 84.

"La production de la dynamite n° 2 comparée à celle de la poudre ordinaire est donc comme 1 est à 3,7. Les avantages du sautage avec la dynamite sont donc de 50 pour 100 de diminution de frais et une économie de 100 pour 100 sur le temps".

 

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BIBLIOGRAPHIE

Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite, Mode d’emploi de la dynamite, Paris, typographie Lahure, 1876, p.32-33.

POUR EN SAVOIR PLUS

Sur la poursuite de travaux miniers en Moravie :

Paul BARBE - Société minière FAFCHAMPS et Cie - 1875