Dynamite italienne - Origines de la fabrique NOBEL - 1872-1873

 

 

 

Fin décembre 1871, Alfred Nobel obtient du gouvernement italien un brevet de six ans pour l’exploitation de la dynamite dans la péninsule. Dès lors, divers traités d’association se succèdent où s’agrègent à la fois des investisseurs français et allemands. Leur objet est unique : il consiste en la création d’une société ayant pour objet la fabrication de dynamite en Italie. Chronologiquement, trois étapes se distinguent de 1872 à 1873.

Premier projet de société - 29 avril 1872

A l’initiative d’Alfred Nobel,  un premier compromis est établi en avril 1872[1] entre lui-même et cinq financiers et ingénieurs parisiens afin de fonder une société anonyme pour la création et l’exploitation d’une fabrique de dynamite en Italie. Plus précisément, ce premier projet comprend J. E. Gunzbourg, Isaac et Eugène Péreire, Germain Halphen et Paul Barbe, associé de Nobel pour la France. De fait, depuis l’établissement de la fabrique méridionale de Paulilles (1870), Paul Barbe a vendu de la dynamite en Italie et ainsi favorisé en ce pays « la vulgarisation du produit ».

Demande de brevet des négociants de Hambourg - 27 mai 1872

Dans le même temps, depuis Hambourg où existe également une fabrique Nobel, les négociants Carl Ferdinand Carstens et Edouard Bandmann ont également vendu de la dynamite en Italie. Motivés par l’importance des frais de transport depuis Hambourg et par la croissance de la demande italienne, ils ont acquis en leur nom personnel des terrains situés près d’Avigliana, dans le nord de l’Italie. Ayant obtenu l’autorisation administrative d’y monter une fabrique, ils ont également demandé, par l’intermédiaire d’un commissionnaire, Casimir Robaudi[2], l’obtention d’un brevet pour la fabrication de dynamite[3].

Traité de la Société Italienne - 24 janvier 1873

 

 

Après négociations, un projet commun de société est dès lors établi entre les anciens et les nouveaux porteurs de projet. Ces derniers sont disposés à apporter à la future société Nobel les terrains qu’ils ont acquis à Avigliana, l’autorisation administrative italienne et le brevet pris pour leur compte par le chevalier Robaudi. Ces propositions acceptées, la future société italienne doit avoir pour objet de créer et d’exploiter une usine et ses dépendances d’après les procédés Nobel, sur les terrains appartenant à Carstens et Bandmann. Selon ce « Traité » du 24 janvier 1873, prévoyant de dédommager Nobel de ses frais et de nommer Casimir Robaudi agent général de la société, les statuts définitifs doivent être établis, signés et publiés avant le 30 avril de la même année. 

E. PRACA

 

DOCUMENT

Traité de la Société Italienne - Extraits

24-1-1873

 

Liste des associés

1 - Alfred NOBEL, ingénieur suédois

2 - Carl Ferdinand CARSTENS, négociant à Hambourg

3 - Dr Christian Edouard BANDMANN, négociant à Hambourg

4 - François BARBE, maître de forges, 11 rue Mansart à Paris

5 - Eugène PEREIRE, ingénieur civil, 35 rue du Faubourg St Honoré à Paris

6 - J.E. GUNZBOURG, banquier, 7 rue Tilsitt à Paris

7 - Isaac PEREIRE, 35 rue du Faubourg St Honoré, Paris

8 - Germain HALPHEN, négociant, 2 rue Taitbout Paris.

Art. VI

Le capital à souscrire est fixé à 300 000 francs, il pourra être augmenté sur la proposition du conseil d’administration, par délibération de l’Assemblée générale des actionnaires avec l’approbation du Gouvernement.

Art. IX

Les six cents actions de capital sont dès à présent souscrites savoir :

1° - par M. Eugène Pereire, 40 actions soit 20 000 francs

2° - par M. Gunzbourg, 40 actions soit 20 000 francs

3° - par M. G. Halphen, 30 actions soit 15 000 francs

4° - par M. F. Barbe, 50 actions soit 25 000 francs

5° - par M. Carstens, 150 actions soit 75 000 francs

6° - par M. Bandmann, 150 actions soit 75 000 francs

7° - par M. Isaac Péreire, 40 actions soit 20 000 francs

8° - par des souscripteurs Italiens pour lesquels M.M. Carstens et Bandmann, solidairement se portent fort : 100 actions soit 50 000 francs.

Art. XIV

Provisoirement et jusqu’à la première assemblée générale qui suivra le décret royal d’autorisation, l’approbation des statuts définitifs et de la constitution de la société, sont nommés administrateurs pour une durée de deux années :

M.M. Alfred Nobel, Germain Halphen, Eugène Péreire, Carstens, Bandmann et Barbe.

Il pourra être nommé en plus un administrateur Italien au moment de la Constitution de la Société.

Les administrateurs sortants sont toujours rééligibles.

Seront nommés administrateurs délégués de la Société :

M.M. Carstens et Barbe pour 3 ans (…).

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SOURCES

Archives Nationales de Suède - Stockholm - Traité de la Société Italienne - 16 p. - Paris - 24-1-1873.

POUR EN SAVOIR PLUS
 
Dynamite italienne - Origines de la fabrique NOBEL - 1870, Site Amis de Paulilles, rubrique Etudes.
 
Dynamiterie d’AVIGLIANA - Fondation - 1872-1880, Site Amis de Paulilles, rubrique Etudes.


 

[1] Premier compromis du 29 avril 1872 annulé par le « Traité » du 24 janvier 1873.

[2] Le chevalier Casimir Robaudi : « cavaliere Casimiro Robaudi, nato al Cairo d'Egitto residente a Torino ».

[3] Demande du 27 mai 1872. www.editris2000.it/wp-content/.../nobel-sintesi.pdf : le 27 juillet 1872 est créée à Turin une première filiale de la Société Anonyme de la Fabrique Suisse d'Isleten, prenant tout d'abord le nom de Société Anonyme Italo Suisse pour la Fabrication de la Dynamite.