Alfred NOBEL et Léo GERARD - Dynamite belge - Lettre de 1878

 

Léo Gérard (1840-1922) - Col. Famille Gérard

 

Le 21 novembre 1878, Alfred Nobel informe Léo Gérard, demeurant à Liège, des avancées concernant un projet de fabrication de dynamite en Belgique. Les statuts d’une future société sont prêts, ainsi que le brevet pour la fabrication de gélatine explosive, qui a été déposé dans ce pays en 1876.

Formation de société

Ces statuts concernent la Société Anonyme Belge pour la Fabrication de la Dynamite, l’une des sociétés Nobel dont l’existence est ensuite attestée dans les années 1880[1]. L’intermédiaire concourant à la réalisation de ce projet est alors Paul Barbe, associé d’Alfred Nobel en France pour la fabrication de la dynamite, encore détenteur à son décès en 1890, de "5 actions de la Société de Dynamite Belge Nobel à Liège de 1000 francs chacune, entièrement libérées".

Destinataire de la lettre de Nobel, Léo Gérard (1840-1922) est pour sa part un ingénieur des mines et industriel né et décédé à Liège, devenu ultérieurement bourgmestre de la ville (1891-1900), homme politique inscrit dans la mouvance wallonne. De fait, de mémoire familiale, la fabrique Nobel de Liège est établie en 1879 à côté d'une poudrerie appartenant à Léopold Gérard, père de Léo Gérard. La S.A. Belge de la Dynamite est pour sa part une filiale de la société Nobel allemande, inscrite dans le cadre des entreprises Nobel fondées en Europe du Nord.

Fonctions de la descendance

Pour information, fils de Léo Gérard, Max-Léo Gérard (1879-1955) est un financier et homme politique d'envergure, directeur de l'Office des questions financières du Ministère des Affaires économiques (1917-1918), secrétaire du roi Albert 1er (1919-1924), directeur politique du quotidien libéral L'Indépendance belge (1925-1926), directeur général du Fonds d'Amortissement de la Dette publique (1926-1935), ministre des Finances (1935-36 et 1938), président de la Banque de Bruxelles (1939-1952).

L’un de ses petits-fils est l’ingénieur chimiste Maurice Rey (1899-1984)[2], devenu entre autres, professeur de métallurgie à l’université de Liège (1932 à 1940), puis à l'Ecole Nationale Supérieure des Mines à Paris à compter de 1945. Directeur de la Société Minière et Métallurgique de Penaroya et directeur de recherche à la société Minerais et Métaux, il est également ingénieur-conseil à la société Le Nickel. Mobilisé et passé en Angleterre lors de la Seconde Guerre mondiale, Maurice Rey y séjourne jusqu’en 1944 et contribue à l'organisation des forces belges en Grande-Bretagne. Il a été fait chevalier de l'ordre de l'Empire Britannique à titre militaire.

E. PRACA

 

DOCUMENT

Lettre d’Alfred NOBEL à Léo GERARD

Paris - 21 novembre 1878

 

"Monsieur Léo Gérard

à Liège.

 

Je viens de recevoir les Statuts Belges que M. Barbe m’a envoyés. Dès que j’en aurai pris connaissance, je m’empresserai de les lui renvoyer. Il m’a dit qu’il se charge d’aller à Liège régler définitivement cette petite affaire et que je n’aurai pour ma part qu’à signer un pouvoir à Paris.

Le brevet Belge pour la Gélatine Expl. est daté du 18 février 1876. Il n’a été pris pour ce pays aucun certificat d’addition, le brevet principal paraissant suffisant pour protéger l’invention. Le texte en diffère beaucoup avec celui du brevet pris en France le 30 novembre 1875 pour le même objet sous le N°110549. Ce dernier brevet a été complété par un certificat d’addition daté du 14 février 1876.

Agréez, Monsieur, l’expression de mes meilleurs sentiments.

A. Nobel".

 

SOURCES

Archives Nationales de Suède, Stockholm, Correspondance Alfred Nobel, lettre du 21-11-1878 à Léo Gérard.

Généalogie, biographie et photographie Léo Gérard  (1840-1922), biographie Max-Léo Gérard (1879-1955), éléments biographiques Maurice Rey : Geneanet - cdvs/Archives famille Gérard, que nous remercions ici.

BREVETS de la GELATINE EXPLOSIVE

Références aux brevets suivants :

- Brevet français n°110509 du 30 novembre 1875.

- Certificat d’addition au brevet français : 14 février 1876.

- Brevet belge du 18 février 1876.



[1] Cf  BARBE F., « Emploi simultané dans les mines de la dynamite inventée par A. Nobel et de l'électricité - règles à suivre pour le chargement des mines - emploi de la dynamite-gomme », Liège, Société anonyme belge pour la fabrication de la dynamite Nobel, 188?. - 52 p., ill.  - L’intitulé de la société belge est adapté de la société française, dénommée en 1875, Société Générale pour la Fabrication de la Dynamite.

[2] Maurice Rey (1899-1984) : fils d'Arnold Rey (1867-1940) et d'Hélène Gérard (1874-1940).