Dynamite de Paulilles - Réglementation du travail dans les cartoucheries - 1956

 

Encartouchage de la dynamite - Paulilles

Encadrée en arrière-plan sur le mur : consigne de la cartoucherie

 

En 1956 à la dynamiterie de Paulilles, est établie une « Réglementation générale du travail dans les cartoucheries ». Les caisses de dynamite en vrac sont tout d’abord livrées par les pourvoyeurs chargés de cette manipulation. Les opérations d’encartouchage sont ensuite exécutées par des femmes dénommées cartouchières, placées avec le matériel technique sous la responsabilité d’un contremaître et d’un chef de service. A Paulilles, le poids maximal de dynamite traitée s’élève à cent kilos par cartoucherie, requérant un maximum de six personnes pour chacune d’elles. L’entrée des locaux est pour sa part strictement réglementée et placée sous la surveillance des gardes de l’usine.

Il est établi cent exemplaires de cette réglementation, portant essentiellement sur la gestion d’un petit matériel, tubes et têtes boudineuses, clés ou poids divers, rigoureusement contrôlés par les chefs d’atelier. A noter enfin qu’il ne s’agit pas d’une consigne mais bien d’une réglementation, tendant à discipliner le comportement féminin. Sous-tendant une certaine propension au bricolage incontrôlé, ce document interdit en effet aux cartouchières de « chercher à remédier par elles-mêmes à tout ce qu’elles pourraient constater d’anormal ». Un contrôle technique hebdomadaire des appareils mécaniques est par ailleurs effectué le samedi.

Cette réglementation relative au conditionnement de la production complète les consignes destinées aux ateliers de pétrissage de la dynamite, stade de fabrication précédant l'encartouchage, avec lesquelles elle peut être comparée.

E. PRACA

 

DOCUMENT

Réglementation générale du travail dans les cartoucheries

 

Dynamite : Poids maximum : 100 Kg

Personnel maximum : 6

 

Le travail ne sera pris dans les ateliers que quand le contremaître aura procédé lui-même au réglage des machines, se sera assuré du parfait fonctionnement et aura donné le signal de la mise en route.

Tous les changements et réglages des machines en cours de fabrication seront effectués exclusivement par le contremaître qui aura toujours sur lui, le seul jeu de clés de réglage.

Pendant ces opérations, il ne restera dans la cartoucherie que le minimum de personnes nécessaires.

La manipulation des caisses contenant la dynamite en vrac ne doit pas être faite par les ouvriers mais par les ouvriers pourvoyeurs des cartouches.

Il est absolument interdit aux cartouchières de chercher à remédier par elles-mêmes à tout ce qu'elle pourraient constater d'anormal. Si en cours de fabrication quelque chose leur paraît suspect, elles doivent immédiatement arrêter et prévenir le contremaître ou le Chef de Service.

La plus grande propreté sera exigée dans les ateliers et il ne sera pas toléré la moindre trace de matière sur le sol.

Les différents jeux de tubes et de tête boudineuses seront dans un local sous la surveillance directe du Chef de Service et aucune pièce ne pourra être prise sans la remise préalable de la pièce à changer[1].

Il ne restera dans les cartoucheries aucune pièce métallique mobile pouvant servir de masse.

Toutes les clés des robinets d'eau ou de vapeur seront fixées de telle façon qu'on ne puisse les enlever des appareils.

Les poids en plomb ne seront utilisés pour l'encartouchage mécanique que pour la pesée de la première cartouche, cette dernière servant ensuite à peser les suivantes.

À la fin du travail, toutes les machines à encartoucher seront démontées et nettoyées et le contremaître s'assurera de visu que cette mesure a bien été exécutée.

Il ne restera aucune quantité de dynamite dans les cartoucheries dont les portes seront fermées à clé.

Pendant l'arrêt, l'entrée de la dynamiterie est rigoureusement interdite au personnel et il sera effectué une ronde par les gardes de l'Usine.

Tous les samedis, le Chef des Ateliers procédera lui-même à une visite de tous les appareils mécaniques.

Le contremaître et le Chef de Service sont chargés de l'application du présent règlement ; toute infraction entraînera le congédiement immédiat.

Paulilles, le 6 novembre 1956.



[1] A leur extrémité, les machines à encartoucher sont constituées de tubes de dimension variable, selon le calibre de la cartouche à confectionner.

 

Sources

« Réglementation générale du travail dans les cartoucheries », Paulilles, 6-11-1956, 1 p. recto-verso dactylographiée. Archives privées.

Pour en savoir plus

PRACA Edwige, Dynamite de Paulilles - Consignes particulières des pétrissages - 1956, Site Amis de Paulilles, Rubrique Protection sociale.