Géographie de la production d'explosifs en France - 1943

 

Cartographie des usines d'explosifs en France - Extrait de Monographie Explosifs - 1943 (Col. part.)

 

Selon une rare monographie consacrée aux explosifs, il existe en 1943 en France 51 entreprises de fabrication d'explosifs dépendant de l'industrie privée, qui disposent au total de 66 usines. A la fin de 1943, 16 entreprises possédant 29 usines sont fermées en vertu des mesures générales de concentration.

Le total du chiffre d'affaires de la profession est globalement en baisse au cours de cette période de guerre. De près de 307 571 000 francs en 1938, il est passé à 300 455 000 francs en 1942, dont 102 078 220 francs pour la zone sud. Au sein de cette nébuleuse, la Société Nobel Française,  dont dépendent les dynamiteries de Paulilles (Pyrénées-Orientales) et d'Ablon (Calvados), apparaît pour sa part en progression.

Comprenant également les unités de matières plastiques de La Rivière St Sauveur (Calvados) et de Stains (Seine), la société est constituée au capital de 21 millions de francs, l'un des plus élevés du secteur. Elle réalise un chiffre d'affaires de 48 545 0000 frs en 1938, et de 61 131 000 francs en 1942. De fait, à la déclaration de guerre, la Société Nobel Française se trouve dans une situation financière et technique favorable. L’exemple en est donné par une autre usine du groupe, celle du Vert-Galant (région parisienne) qui réussit à fournir mensuellement 100 00 masques à gaz au moment de l’occupation de la capitale.

En 1939, la production moyenne est à Paulilles de 94 617 kg de dynamite par mois, soit une production moyenne annuelle de 1135 tonnes. En 1940, selon une statistique d'août, l'usine travaille un peu moins. La production moyenne mensuelle est de 81 709 kg, en raison de l'interdiction d'exportation vers l'Afrique du Nord. En 1942, la production totale de dynamite chez Nobel Française est de 1903 tonnes, pour une capacité de production mensuelle de 250 tonnes. 

En termes d'effectifs, les dynamiteries de Paulilles (Pyrénées-Orientales) et d'Ablon (Calvados),  figurent également parmi les plus importantes de France. Durant le premier semestre 1939, la dynamiterie de Paulilles emploie 210 personnes contre 247 en août 1940. A la déclaration de guerre en effet les ouvriers mobilisés ont été remplacés. A l'armistice, "les démobilisés ont été repris, mais ceux qui avaient été embauchés n'ont pas été renvoyés" explique l'entreprise.

Lorsque les Allemands s’installent sur la façade atlantique, toutes les usines de la société se trouvent dans la zone Nord à l’exception de celle de Paulilles. L’activité diminue alors fortement, les Allemands s’efforçant « d’emmener en Allemagne les meilleurs ouvriers ». En novembre 1942, les Allemands investissent le département des Pyrénées-Orientales, et la dynamiterie de Paulilles est occupée. Cette occupation modifie peu le volume de main d'oeuvre à Paulilles. Comptant respectivement 234 et 353 ouvriers en 1943, les deux dynamiteries de Paulilles et d'Ablon se situent juste derrière le site de St Martin de Crau, (Bouches-du-Rhône), disposant de 372 ouvriers.

(à suivre...)

 

 

Sources

ADPO 1W112, Recensement des entreprises industrielles et commerciales.

 

Bibliographie

GALLIOT Armand, 75 ans d’activité d’un holding. La société centrale de dynamite 1887-1982.

LAVRILLAT J., Centre d'information interprofessionnel, Monographie Explosifs, 1943, chapitre IV, plan p.35 et chapitre V, p.37 et suivantes.