Dynamite et Moulin de Pierre – Clamart – 1871

 

Ruines du Moulin de Pierre près Clamart - 1871

 

Au terme de la guerre de 1870, les événements de la Commune constituent un nouveau motif d’expérimentation de la dynamite, dont la fabrication a débuté peu de temps auparavant. Dans leur lutte contre les fédérés, les armées régulières en testent les propriétés et en déterminent les effets sur le patrimoine bâti. Un texte de vulgarisation scientifique relate ainsi l’arasement du Moulin de Pierre situé à Clamart, servant de champ d’expérience au nouvel explosif. L’opération de destruction est conduite par le commandant Charles Faurel, accompagné de Paul Barbe, promoteur de la dynamite en France (site de Paulilles), et du capitaine Hubert Quinivet.

 

Moulin de Pierre - Combats de la Commune - Gravure

 

 

DOCUMENT

Extrait de texte

 

« En 1871, l’armée de Versailles, pour rentrer dans Paris, utilisa à plusieurs reprises la dynamite. La tour du Moulin-de-Pierre, placée près d’une batterie d’attaque et se profilant sur le ciel, servait de point de repère aux fédérés des canonnières. Leurs projectiles devenant très gênants, on résolut la destruction de cet édifice. M. le commandant Faurel fut chargé de cette opération ; M. Barbe l’accompagna, ainsi que le capitaine Quinivet. Le mur avait 1,70 m d’épaisseur à la base ; de solides planches, placées de deux mètres en deux mètres, augmentaient considérablement la solidité de l’édifice.

Attaquer la tour par l’extérieur nécessitait l’emploi d’une grande quantité de matière explosive, mais permettait de masquer les travailleurs. Malgré l’insuffisance de la dynamite disponible, on essaya de faire brèche en mettant de côté les quelques kilogrammes nécessaires pour poser un pétard à l’intérieur et compléter la destruction si nécessaire. On voulait également constater à quelle distance on pouvait espacer les paquets de dynamite les uns des autres, tout en assurant la simultanéité des explosions provoquées par la mise à feu d’un seul d’entre eux. Le mur, au contact de la dynamite, fut broyé sur 0,60 m de profondeur, et tout ce qui surplombait s’écroula, laissant subsister un muraillement de 1 mètre d’épaisseur environ.

On pénétra alors dans la tour et, sur un des planchers le long du mur, on plaça les cartouches mises en réserve ; quelques plâtras furent jetés par-dessus comme bourrage ; le feu fut donné. La partie du mur attaqué s’écroula, ainsi que celle qui lui était diamétralement opposée. La toiture s’effondra. La tour, sans être complètement détruite, ce qu’on aurait pu faire après l’arrivée d’un nouvel approvisionnement de poudre, avait perdu assez de sa hauteur pour se confondre avec les constructions voisines. On avait atteint le but qu’on s’était proposé.

En attachant avec une ficelle, à quelques centimètres l’une de l’autre, une série de cartouches de dynamite, suspendant ensuite ce chapelet à un clou fixé à un mur et provoquant la détonation, on fit des ouvertures de 50 centimètres. De là une nouvelle application pour s’ouvrir rapidement une communication d’une maison à l’autre… ».

Alexis CLERC

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BIBLIOGRAPHIE

CLERC Alexis, Physique et chimie populaires, 3e volume, Chimie, Paris, sd, p.1171-1172.

ICONOGRAPHIE

Photographie légendée : « Ruines du Moulin de Pierre près Clamart », série Paris 1870-1871, n°80, col. part.

CLERC Alexis, Physique et chimie populaires, 3e volume, Chimie, Paris, sd, p.1161, gravure légendée : « La tour du Moulin-de-Pierre servait de point de repère aux fédérés des canonnières ».

POUR EN SAVOIR PLUS

Site de la Ville de Clamart :

Clamart.fr - Le moulin de Pierre